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Interwiev et témoignage de Mr BEDIGA Ndjie Shiro

Retrouvez ici le témoignage de Mr BEDIGA Ndjie Shiro, ancien MNA (Mineur Non Accompagné), accueilli sur la MECS puis sur le SAE de la fondation la Providence.

Cet interview a été réalisé par Mr DRAULT, chef de service éducatif.

 

Mr BEDIGA est né le 28 juin 1998. Originaire du Cameroun, il est arrivé en France le 15 décembre 2014. Il a été accueilli sur le service de la MECS la Providence du 20 janvier au 23 février 2015 puis il est passé sur le service SAE à compter du 24 février 2015 et ce jusqu’au 23 décembre 2017. Il est donc resté deux ans et demi sur la Providence. Après avoir validé son brevet avec mention Bien, il a ensuite suivi et brillamment obtenu un bac professionnel « Conducteur Routier et Transports de Marchandise », là aussi avec mention Bien. Il a ensuite été embauché en CDI par une entreprise de transports sur Vedène. Durant son parcours, il a bénéficié d’un contrat civique au club de football de Courthézon, afin de concrétiser son projet d’achat de voiture.

Les retours le concernant, que ce soit sur le plan scolaire, professionnel ou des loisirs, ont toujours été très positifs, témoignant de son fort désir de réussite et d’intégration.

Aujourd’hui il vit sur Orange, parfaitement autonome.

Nous sommes très fiers du parcours qu'il a pu accomplir.

 

- P.Drault : « Bonjour Shiro ; quels souvenirs gardes-tu de la Providence ? Qu’est ce qui a été important pour toi, lors de ton passage à la Providence ? »

-S. Bediga : « Bonjour. A la Providence, j’ai vécu de bons moments. Déjà, quand je suis arrivé, je n’étais pas bien, et je me posais beaucoup de questions sur ce qu’allait être mon avenir, sur ce que j’allais devenir. J’ai rencontré de supers personnes qui m’ont accueilli, qui m’ont encadré, qui m’ont fait comprendre que je n’avais plus à m’inquiéter. Tout de suite, il y a eu un projet pensé pour moi. Et voilà. Mon intégration est d’abord passée par des activités, des jeux. J’ai intégré un club de foot. J’ai eu un accompagnement par deux éducatrices et cela s’est bien passé. »

- P. Drault : « Aujourd’hui, comment te sens-tu? »

-S. Bediga : « Aujourd’hui, je me sens bien. J’ai un travail, j’ai une maison, je paie mon loyer, j’ai un revenu tous les mois. Au début, c’était difficile, mais l’éducatrice a tout fait pour que j’y arrive. »

-P.Drault : « Difficile dans quel sens ? »

-S.Bediga : « Déjà trouver ce que je voulais faire, par rapport à la distance, il me fallait un accompagnement tous les jours pour l’école. J’ai ensuite eu une carte de bus comme tous les jeunes. J’ai eu un accompagnement par mes éducatrices pendant mes années scolaires, elles étaient présentes. Elles m’ont aidé dans ce que je ne comprenais pas, dans ce que je comprenais moins. Déjà dans mon choix professionnel où j’avais peur de ne pas pouvoir finir mes trois ans d’étude. Mes éducatrices étaient là pour me rassurer, pour m’aider, en me disant vas-y ça peut le faire! "

-P.Drault : « Concernant le quotidien, que retires-tu de l’accompagnement qui t’a été proposé ? »

-S.Bediga : « Que du positif. Pour moi c’était très compliqué. Il fallait connaître beaucoup de choses, c’est un pays et une culture que je ne connaissais pas. Il y a des trucs que je ne connaissais pas forcément, même au niveau de la cuisine. J’ai eu un accompagnement vraiment excellent et ils m’ont même carrément appris à faire des lasagnes (rire) ; ainsi qu'à réaliser beaucoup de cuisine française. Je continue de faire de la cuisine africaine même si aujourd’hui j’arrive à faire de la cuisine française, grâce à l’accompagnement des éducatrices de la Providence et surtout grâce à Morgane ! "

-P.Drault : « Et consernant la gestion de ton budget ? »

-S. Bediga : " Elles m’ont tout de suite appris à gérer mon budget en me montrant ce qui est important : acheter d’abord le nécessaire avec le budget de la semaine et j’ai réussi à le faire. "

-P.Drault : « Et cela te sert maintenant ? »

-S. Bediga : « Oui, ça me sert parce qu’avant j’aimais trop le sucré (rires!) et aujourd’hui je sais qu’il faut prendre des tomates, de la viande, des fruits….. J’arrive à gérer mon budget. »

-P.Drault : « As-tu des regrets concernant ton passage sur la Providence ? »

-S. Bediga : « Non, non, au contraire, je me pose des questions, si je n’étais pas passé à la Providence, qu’est ce que je serai devenu ? »

-P.Drault : « D’accord. »

-S. Bediga : « Est-ce que j’aurai eu le même accompagnement ? Est-ce que je m’en serai sorti de la même façon ? Je ne peux que dire merci à Dieu d’être passé à la Providence. »

-P.Drault : « Tu reviens régulièrement revoir les éducatrices à la Providence, est ce un besoin que tu as ? Est-ce que le lien que tu as créé avec les éducatrices reste important pour toi maintenant ?

-S. Bediga : " Déjà je viens pour le lien, il y a un lien fort qui s’est créé et…. Voilà, c’était comme une famille. Cela a été ma première famille en France… Lorsque je suis arrivé en France, je ne connaissais personne et j’ai créé un lien fort avec ces personnes. Ces femmes qui m’ont accepté, qui m’ont "adopté". Partir et ne plus donner de nouvelles, ça aurait fait lourd.

Même après, j’ai toujours eu accès à la Providence, on ne m’a jamais fermé la porte. A chaque fois que j’ai eu besoin de discuter, je suis toujours revenu vers elles."

-P.Drault : « D’accord. Et bien merci Shiro. Tu veux ajouter autre chose ? ».

-S. Bediga : « Oui, une dédicace à Morgane. »

-P.Drault : « Tu veux dire quoi à Morgane ».

-S. Bediga : « Oui, je voulais remercier particulièrement une femme, REYNAUD Morgane, qui pour moi, durant tout mon passage à la Providence a été comme une sœur (Shiro est très ému...), c’est chaud…c’est chaud… "

-P.Drault : « Vas-y , prends ton temps »

-S.Bediga : « Même le fait de parler d’elle, ça me met les larmes aux yeux parce que je ne rencontrerai plus jamais quelqu’un comme ça, elle était quelqu’un de spécial dans ma vie, elle m’a accompagné dans tout. Dans tout ce que je fais, j’ai envie de l’inclure, de partager avec elle. Tout ce que je fais, tout ce que je deviens c’est grâce à elle. "

-P.Drault : « Et à toi aussi. »

-S.Bediga : « Je profite de ça pour lui dire merci. Merci. Même si je lui ai déjà dit... »